• Le prochain pape devra être doté de zèle missionnaire

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    Jean-Louis DE LA VAISSIÈRE
    Agence France-Presse
    Cité du Vatican

    La candidature d'un papabile doté d'une expérience de terrain semble préférée à celle d'un homme de l'appareil du Vatican, au deuxième jour des réunions préparatoires des cardinaux au conclave qui élira le successeur de Benoît XVI.

    Tandis que de nombreux prélats réclament une réforme en profondeur d'une Curie décrédibilisée, une nouvelle «congrégation générale» a eu lieu mardi et une autre est prévue mercredi matin.

    Quatre des 115 cardinaux électeurs étaient encore absents mardi soir. Trente-trois électeurs et non électeurs (plus de 80 ans) ont déjà pris la parole depuis lundi. Les thèmes ont porté sur le gouvernement de l'Eglise, «le renouveau à la lumière du Concile» et la nouvelle évangélisation, a résumé le père Federico Lombardi, sans trahir le secret des débats.

    Des interventions «libres» et «variées», accompagnées d'un bref télégramme remerciant Benoît XVI pour son «ministère lumineux», a ensuite rapporté le jésuite.

    Dès que les absents seront arrivés ou que la date de leur venue à Rome sera connue, les cardinaux pourront fixer --peut-être dès mercredi ou jeudi-- la date du conclave attendu pour la semaine prochaine.

    Mais beaucoup ne veulent pas presser le mouvement: «si on ne passe pas assez de temps dans les congrégations, on risque de faire traîner les choses au Conclave qui pourrait durer et durer», a relevé le cardinal de Boston Sean O'Malley.

    Entre temps, les travaux d'aménagement de la Chapelle Sixtine ont débuté: ils consisteront à suréléver le pavement et à installer deux poêles, l'un pour brûler les bulletins, l'autre pour les fumées blanches ou noires.

    Les conjectures vont bon train sur la «short list» des «papabili» qui reste très ouverte.

    Les cardinaux qui y figurent sont suivis à la trace, comme le cardinal de Vienne, Christoph Schönborn, assaillis par une meute de journalistes lundi soir lors d'une cérémonie dans une église de Rome.

    Cette fois-ci, il n'y a pas de camps bien identifiés --progressistes/conservateurs, ou nord/sud-- et les observateurs relèvent l'intérêt que suscitent des archevêques comme Odilo Scherer (Sao Paulo, plus grand diocèse au monde),  Luis Antonio Tagle (Manille) ou Wilfrid Napier (Durban). Mais aussi des hommes qui allient expérience de terrain et connaissance de la Curie comme le Québécois Marc Ouellet.

    Un «ticket gagnant» associant un pape choisi dans un diocèse et un secrétaire d'État --sans doute italien-- de la Curie, est souvent évoqué. Ce serait une manière de satisfaire les 28 électeurs italiens, soit un quart du total, que certains prélats du Sud ou américains ne souhaitent pas voir à la tête de l'Eglise, après le scandale des fuites «Vatileaks».

    Autre revendication entendue, la nécessité d'un homme à poigne: «Ce qui a commencé par un mince filet d'eau est devenu un torrent, la question numéro un est la gouvernance», a affirmé le vaticaniste américain John Allen.

    Pour le cardinal australien George Pell, il faut «améliorer la morale de la Curie. Nous avons besoin d'un stratège, d'un homme de décision, d'un planificateur qui ait aussi de fortes capacités pastorales».

    Le choix d'un pape de terrain permettrait de se démarquer de 2005, quand le collège des cardinaux avait élu l'homme qui connaissait le mieux la Curie, le cardinal Joseph Ratzinger.

    Face à la sécularisation, l'accent est mis par de nombreux cardinaux sur la diversité des cultures, l'empathie, la capacité de communiquer l'Evangile, l'esprit de la mission. Les Eglises du Sud, minoritaires mais vivantes, peuvent donner une bouffée d'oxygène, insuffler au nord désabusé le désir de l'Evangile, affirment des cardinaux du Sud.

    En octobre, 250 évêques, réunis à Rome en synode pour la «nouvelle évangélisation», avaient convoyé ce message: le salut pour l'Eglise, discréditée par les scandales et les divisions, passe par l'audace, la radicalité et l'authenticité, jusqu'au martyre. Des appels à l'humilité, à la proximité avec les populations avaient été lancés.

    Plusieurs évêques ont conseillé de regarder vers l'Amérique latine, le continent le plus catholique du monde.

    Pour Giovanni Maria Vian, directeur de l'Osservatore Romano, «l'origine géographique du prochain pape n'a plus d'importance». «L'Amérique, dont la patronne unique est Notre-Dame de Guadalupe au Mexique, pourrait donner un pape? Pourquoi pas!», affirme à l'AFP M. Vian.

    Selon lui, «la vigueur» est la principale qualité du prochain pape souhaitée par Benoît XVI: pour que «l'exigence d'exemplarité du gouvernement de la Curie» soit assurée, et pour gouverner une communauté catholique de 1,2 milliard de personnes en maintenant l'unité.

    Si aucun candidat fort ne se dégage dans leurs rangs, les Latino-Américains pourraient apporter des voix au cardinal Ouellet, un théologien conservateur et efficace qui a fait une partie de sa carrière sur leur continent.

     


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